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Ralf Tauchmann chante Brassens

Ralf Tauchmann chante Brassens

Il y a quelques semaines à peine, lors de l'arrivée de la petite Margot sur cette planète, je m'étais amusé à traduire à Claudia en anglais, et à l'oral uniquement, les paroles de "Brave Margot". Et puis, alors que j'allais me rendre en Savoie pour rencontrer notre petite Margot, je me suis écouté, petit à petit, l'intégrale de Brassens.

 

Comme le hasard et les coïncidences rythment ma vie, voilà qu'une petite magicienne à mille deux cents kilomètres de là me souffle qu'un allemand chantera, dans une librairie franco-allemande, du Brassens. Me voilà donc dans ce lieu enchanteur, à deux pas du Tacheles, la librairie Zadig.

 

Plus qu'un petit concert ce sera une discussion des plus intéressantes à laquelle j'allais assister. 

 

 



Ralf Tauchmann est né en 1960 et a grandi en Allemagne de l'Est sans aucun contact avec le monde francophone. Après des cours de français au lycée, il découvre la "Chanson Pour L'Auvergnat" dans une version interprétée par Juliette Gréco. Il n’a alors de cesse de déchiffrer le contenu des chansons, résumées au dos des pochettes de disques d’Yves Montand, Guy Béart ou Charles Aznavour.

 

Durant son service militaire à Basdorf il découvre le sens de l’expression faire la tombe buissonnière dans la chanson "Le Testament" et c’est le déclic. Il l'ignore alors mais par un clin d'oeil que seule l'Histoire pouvait lui faire, Basdorf était précisément l’endroit où Georges Brassens avait composé ses premières chansons durant son Service du Travail Obligatoire en Allemagne. Trouvant Brassens fort politique au regard de la doctrine qui régnait en RDA, il a la surprise de voir qu'un livre sur Brassens en allemand échappait à cette règle, tant par son contenu que par sa classification dans les rayons. Il commence alors à entreprendre à sa manière l'adaptation des textes et prend des leçons de chant parallèlement à son travail de traducteur technique.

 

http://www.georgesbrassens.fr/IMAGES/RalfB04.jpg

 

Début 1989, alors qu’il traduit les contes retrouvés de Guillaume Apollinaire, la RDA s’écroule. Il met en ligne dès 2000 un site consacré à ses adaptations de Brassens qui commence à le faire connaître, tout en redoublant d’activité musicale. Après divers récitals en Allemagne de l'Ouest et à Berlin, il apprend que Basdorf commémore Brassens et anime sa première soirée au festival Brassens in Basdorf où il fait la connaissance de René Iskin, Pierre Onténiente, et rencontre d'autres traducteurs et interprètes d'autres pays.

 

Je vous conseille vivement son site [www.ratau.de/] donc où non seulement vous pourrez y lire un échantillon de son travail. De sa passion. Mais vous pourrez aussi y découvrir sa façon de traduire, ses annotations et explications de textes. Autant de choses lui permettant d'ajuster comme il le peut la langue allemande au facéties de Georges Brassens.




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Ralph Tauchmann, ici à droite.





J'ai bien entendu acheté son livre qui venait de sortir, "La Muse insolente de Brassens", sous-titré Les chansons des débuts. Un deuxième et un troisième volume sont prévus. Ce livre est bilingue et commence de la meilleure manière avec, en quelques pages, une mini-biographie de Brassens (en français puis en allemand). Suivent ensuite quarante chansons en français puis en allemand. Le soir même, parlant très fort, je bousculais les tympans de Claudia en me mettant en tête de lui chanter "Le Gorille" puis évidemment "Brave Margot" dans la langue de Goethe. Ah ça valait le coup, croyez moi.



Que du plaisir et un regain de vie et un regain de goût du combat m'avait été ainsi insufflé. En français, en allemand. Bien vivant !

 

 

 

 

      Note du 02 mars 2011

J'avais posté ici une vidéo que depuis, YouTube a empêché de visionner (au moins depuis l'Allemagne).
J'en reposte donc une autre, parmi tant d'autres (merci à Dieter pour son message !).